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Lire et ecrire le rural Can Onaner

LIRE ET ECRIRE LE TERRITOIRE PERIURBAIN

Studio d’initiation au projet territorial
Licence 2, semestre 2

Encadrants responsables

Can Onaner et Lydie Chauvac

Objectifs pédagogiques de l’enseignement :

 

Nous souhaitons que le quatrième semestre permette à l’étudiant d’acquérir la conscience de deux idées : 

 

- la première, c’est que «sous» l’apparente diversité des tâches qu’implique toute situation territoriale complexe, c’est-à-dire 1/ sous les différentes appellations «paysagisme», urbanisme» ou «architecture» (au sens étroit : la logique de l’édifice) et 2/ sous les différentes convictions, approches ou intérêts personnels des uns et des autres, se tient bien quelque chose de commun - sinon véritablement une «essence», du moins un «air de famille».
C’est cette base-là que nous appelons «architecture» (au sens large).

- la deuxième, c’est justement la conscience de cette diversité (d’échelles et de problèmes, d’approches et de visions).

 

La difficulté est de faire comprendre simultanément l’une et l’autre, la parenté (l’air de famille) et la diversité.

Encore faut-il préciser en quoi consiste cet air de famille et quels en sont les traits. Pour nous, ce qui se tient «sous» la ville, le paysage et le bâtiment n’est pas l’une ou l’autre de ces choses, mais l’activité qui les organise toutes. Si l’on dé nit le territoire comme cette formation complexe où ville, architecture et paysage coexistent, alors il s’agit, avec l’architecture, de la construction logique du territoire physique.

 

D’où les trois axes principaux qui sous-tendent le choix de notre sujet : le territoire comme complexité, le déploiement d’une pensée logique, la quotidienneté et l’ordinaire comme points d’application.

1. Le territoire comme complexité
Nous opérons sur des villages ou bourgs ruraux de taille variable. La municipalité nous

transmet ses problèmes, ses besoins, ses envies, ses interrogations et ses projets, que ce soit en termes de densi cation, de logement, d’équipement, d’espace public, etc. Ceux-ci servent aux étudiants de base de ré exion. Ils peuvent reprendre les préconisations de la mairie ; ils peuvent aussi les discuter dans tous leurs aspects, y compris l’aspect règlementaire - à condition de le faire en connaissance de cause et de le motiver.

Il ne s’agit pas, cependant, de mettre les étudiants dans une situation de pseudo-réalité où il leur faudrait comprendre et maîtriser tout le détail des logiques territoriales et de leur interaction, mais de leur permettre de saisir qu’il y a des logiques multiples en interaction, et qu’une situation territoriale réelle est toujours un objet négocié entre ces différentes logiques (techno-économique, socio-politique, environnementale, normo-règlementaire). Car il s’agit très vite pour eux de faire de cette situation territoriale complexe une description sélective (prélèvement d’un certain nombre de thèmes à aborder prioritairement) sur laquelle ils construisent d’abord une stratégie par groupe de trois, puis un projet individuel fondé sur cette dernière.

 

2. Une pensée logique
L’étudiant a donc à faire des choix motivés par rapport à des contraintes externes qu’il

lui faut expliciter, et dans le respect d’une certaine pertinence contextuelle dont les limites sont précisées ci-après. A partir de là, nous attendons de l’étudiant qu’il développe la logique interne qu’est pour nous le projet d’architecture (sans négliger néanmoins de revenir régulièrement vers l’ensemble de données externes qu’est le territoire - en particulier les règlements, projets municipaux, symbolisme, etc.).

 

3. Vie quotidienne et territoire ordinaire
Nous demandons aux étudiants de favoriser certains types de programme qui, à tort ou

à raison, nous semblent plus «naturellement» adaptés au contexte choisi, celui des villages ou petits bourgs ruraux. Par exemple : installations liées à la «petite agriculture», petits équipements culturels, sportifs ou récréatifs, aménagement de l’espace public, petits ensembles de logements, réhabilitation de bâtiments existants, etc. Non pas que de tels lieux ne puissent, exceptionnellement, accueillir un grand centre commercial, un musée important ou un lotissement de maisons immenses et luxueuses... mais nous cherchons ici à orienter la ré exion des étudiants vers ce qui, justement, n’est pas l’exception, mais plutôt la norme :

 

- D’une part, la norme dans ces villages, c’est-à-dire ce qui, en eux, relève de la vie quotidienne la plus commune. Nous pensons en effet que l’architecture doit sans cesse se repenser à partir de l’expérience commune aux deux sens du terme (à la fois banale et partagée), à partir de ce que nous ne questionnons pas parce que nous le voyons même plus. Celle-ci, bien sûr, ne concerne pas seulement les gestes et les dispositifs spatiaux, mais aussi les symboles et les conventions, soit l’ensemble des habitudes : toutes relèvent de cette connaissance implicite qu’il faut sans cesse re-problématiser. 

Remarquons-le au passage : la question de la norme est donc ici, aussi bien, l’occasion de dé- normer.

 

- D’autre part, ces villages pris eux-mêmes comme norme, c’est-à-dire comme exemples, parmi bien d’autres, d’une situation non spéciale : une situation-type qui pose aujourd’hui des problèmes-types (en l’occurrence : le problème banal, désormais, qu’est «le-devenir-du-bourg- rural-à-l’heure-de-la-périurbanisation»).

 

L’habiter (c’est-à-dire à la lettre le fait de prendre des habitudes) et plus largement la quotidienneté exercent ce que Bruce Bégout nomme une «puissance de déproblématisation». Le choix du terrain d’étude participe pour nous d’une volonté de re-problématiser la forme de l’ordinaire et du quotidien.

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