Encadrant responsable
Can Onaner
Contexte théorique et objectifs pédagogiques de l’enseignement :
Ce studio de projet qui s’adresse aux étudiants de première année cherche à aborder quelques opérations fondamentales de conception architecturale. De fait, parce qu’il s’agit d’une initiation à la conception architecturale, le studio qui s’organise par en enchainement d’exercices, aborde le projet architectural de manière relativement abstraite, sans rentrer dans des considérations fonctionnelles et programmatiques, ou de stratégies territoriales. L’architecture et le rapport au territoire sont abordées comme un ensemble de dispositifs simples, mais analogiques : des « instruments » ou des « appareils » qui par leur agencements impliquent un rapport spécifique à la perception de l’espace et de la forme, mais aussi à la matière à et l’usage, dans sa dimension psychologique, culturelle et symbolique. La notion d’analogie permet d’inciter les étudiants à questionner les différentes références et métaphores qui interviennent au cours de leurs conceptions. Il s’agit de suggérer que l’architecture, dans son usage, dans sa perception, comme dans sa conception, se constitue souvent par analogies (analogies formelles, analogies fonctionnelles, rapport à des souvenirs individuels et collectifs). Ces analogies peuvent parfois être littérales voire « criardes » ; mais dans le meilleur des cas, elles seront silencieuses, structurelles et implicites. Ce qui distingue l’analogie silencieuse et implicite de l’analogie formelle et littérale est que la deuxième se constitue sur une métaphore visible et reconnaissable, tandis que la première se joue en deçà de la ressemblance formelle, et renvoie à un contenu, à un événement ou une action (passée ou anticipée dans le futur) qui habite et anime l’architecture, sans que celui-ci soit directement visible. Dans ce cas, l’architecture peut être considérée comme un milieu qui contient un événement en latence, l’engendre ou du moins le suggère. Les étudiants seront invités à expérimenter de façon critique ces différents niveaux d’analogies et de métaphores, aidé en cela par des cours de théorie et d’histoire de l’architecture. L’enjeu pédagogique fondamental de cet enseignement serait donc d’encourager l’étudiant(e) à considérer l’architecture comme un mécanisme complexe qui permet de suggérer ou de « donner à voir » un contenu qui n’est pas toujours celui que l’on pouvait croire : une architecture qui peut générer un imaginaire ou induire une action avec sa dimension sociale culturelle et politique et idéologique.
Contenu et développement proposés pour le projet :
En partant de « tonalités affectives », de mythes, de références littéraires, artistiques ou musicales, il s’agira dans un premier temps de désigner des analogies et de s’en servir pour mettre en place des fragments de récit. Les étudiants seront invités à mettre en séquence leurs récits, à les spatialiser et à les temporaliser de façon à obtenir différents fragments de dispositifs architecturaux qui resteront d’abord isolés les un des autres. A la suite d’une sélection parmi ces récits-dispositifs, il s‘agira de concevoir un parcours spatial qui reliera les dispositifs fragmentaires en les agencent, les superposant, les juxtaposant et les déformant, de manière à constituer un ensemble continu. Il sera demandé aux étudiants d’inscrire ce parcours spatial issu des différents récits au sein d’un volume unique, dont la forme et la dimension leur seront imposées – un cube de 20 x 20 x 20m. L’enjeu à travers ces dispositifs analogiques qui pourraient renvoyer à des formes canoniques ou bien rester informelles et énigmatiques serait de garder toujours actif l’imaginaire et l’inconscient de l’étudiant(e) tout en les confrontant à la rigueur d’un langage qu’il (ou elle) aurait établi. Dans une seconde phase de l’exercice, ces dispositifs spatiaux et le parcours qu’ils mettent en séquence seront inscrits dans un site donné – le potager du roi à Versailles. Pour cela, le dispositif architectural sera modifié et ré-agencé selon les propriétés spécifiques aux dispositifs du départ, mais aussi selon les qualités fictionnelles relatives au site, son histoire, son fonctionnement, sa morphologie, sa matérialité, son échelle, etc.
Dessins des étudiant. e.s : Louise Hayat, Caroline Jousset et Sylvain Usai