Architecture de la foule - Foule et Mythes
Studio de projet des Master 1 & 2 - ENSAB Rennes - 2022/2023
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Les gardiens de Phugm'a
Projet de Gabin De Wilde
L'ARCHITECTURE DE LA FOULE
Foule & Mythes - 2022/2023
Studio de projet - ENSAB Rennes
Master 1/2
Encadrants responsables
Can Onaner avec Mathilde Sari
Labo photo : Emmanuel Groussard
Les gardiens de Phugm'a
Gabin De Wilde
[2073] Au bord de la crise énergétique mondiale, les grandes puissances amorcent le projet Icarus, une centrale à fusion nucléaire installée en plein cœur de l’Himalaya. Source de conflits armés et de lutte de pouvoir, l’ouvrage reste inachevé, laissant le réacteur fonctionner inlassablement, perdu au milieu des indomptables montagnes.
[2097] Sans production d’énergie suffisante pour continuer à se développer, l'humanité entre dans ce qui sera connu plus tard comme le Grand Silence. Face à l’urgence, Icarus tombe dans l’oubli. Au sol, les conditions de vie sont extrêmes. Un immense nuage toxique causé par des décennies d’hyper-industrialisation englobe la planète, assombrit la surface et rend les terres un peu plus stériles à chaque nouvelle pluie. Forcés de trouver d’autres lieux pour se nourrir, les peuples s’emportent et se déchirent. Loin de leurs racines, ils errent sans répit à la recherche du moindre rayon de Soleil, priant pour sa parousie.
[2158] Au loin, entre les sommets, une fumée blanche et épaisse perce le brouillard ambiant. Postées en haut d’un col, des nomades tibétains l’aperçoivent et s’enfoncent dans le massif.
Par delà la brume se révèlent deux colossales excroissances, des tours circulaires greffées dans la roche et expirant la vapeur dans le ciel. Le groupe s’avance, son pas fait gronder le sol et vibrer un peu plus l’air; au plus profond d’elle, la montagne palpite. Au pied de la pente, une porte colossale se dresse face à eux. Entrouverte, elle laisse découvrir un passage plongeant dans l’abîme.
Bravant l’obscurité, ils s’enfoncent dans une architecture démesurée de béton et d’acier, comme bâtie par des géants fous de temps anciens. Traversant les salles aux mécanismes complexes, ils débouchent sur un gigantesque espace creux, un temple enseveli. Au centre de la salle trône l’entité, le réacteur nucléaire. Un tokamak capable de libérer autant de puissance de fusion que des milliers d’étoiles combinées. Lorsque celui-ci se met en marche, il se recouvre d’une intense lumière bleutée et émet un souffle si brûlant qu’il en déforme l’espace. L’énergie produite se déverse dans les engrenages autour et les actionne dans un crissement assourdissant. Seul maître des lieux, il en régit les lois. La montagne bouge avec lui, ils sont indissociables. Face à cette manifestation providentielle, le clan baptise l’être mécanique Phugm’a, l’étoile enfouie.
De retour à l’extérieur, le groupe se sédentarise et met fin à son exil. Le rituel d’exploration s’installe naturellement, poussé par la fascination pour ce flux insondable qui flotte dans l’air. Habillés des tenues retrouvées des anciens ouvriers de la centrale, ils forgent leur vêtement de culte et s’aventurent toujours plus longtemps dans le labyrinthe métallique.
Véritables révélations, les progrès scientifiques amenés par la centrale révolutionnent la micro-société et l’entraîne dans un essor technologique et technique effréné. De la vapeur jusqu’à la radiation, les découvertes bouleversent leurs modes de vie et font évoluer leurs croyances. Le réacteur assure leur survie et leur donne les outils pour comprendre le monde et traverser sereinement les âges.
Surveillant depuis le sommet, ils attendent le jour où le Soleil retrouvera à nouveau le ciel, portant avec eux le savoir et l’espoir d’une nouvelle humanité. Ils sont les Khorlam, les gardiens de la montagne-machine.